Le Courage au Quotidien – Edito du Bourgmestre – Avril 2011

Avr 1, 2011 | Archives - Nos Valeurs

Avril 1945. L’Allemagne nazie vit ses dernières semaines. Dans Berlin en flammes, Hitler manipule encore des armées qui n’existent plus tandis que l’Armée rouge conquiert rue par rue, maison par maison, la capitale du Reich. Le 30, le Führer se suicide dans le bunker de la Chancellerie : la guerre est perdue et le cauchemar s’achève enfin.

Au fil du temps, d’une génération à l’autre, les mémoires se sont floutées et aujourd’hui peu de jeunes savent qui sont Hitler et Mussolini. L’Histoire s’est figée au profit de l’actualité qui palpite au jour le jour. Les témoins de cette époque noire disparaissent un à un…

Mais le souvenir ne peut pas s’éteindre. Il y a eu trop de morts, trop de familles brisées, trop de crimes, trop de souffrances pour que l’oubli prenne le pas sur le passé.

Soixante-six ans après, Ixelles s’est souvenue. Elle s’est souvenue qu’au n°8, rue de l’Ordre, dans ce quartier de logements sociaux, une femme et sa jeune fille ont caché, de 1942 à 1944, des enfants juifs pour leur éviter la déportation et la mort. Germaine Favresse-Villain et Claudine Villain-Hugo ont dit non à l’indifférence, malgré le danger, malgré la peur. Elles ont ouvert leur maison et leur cœur, tout simplement, naturellement… Elles furent cependant dénoncées, mais la Gestapo se trompa d’immeuble et s’en alla, bredouille… Bienheureux coup de pouce du hasard…

Germaine et Claudine nous ont quittés depuis longtemps, mais la Commune leur a rendu hommage, il y a quelques semaines, à l’initiative d’une enfant cachée, Betty Pardes-Birnbaum, qui voulait qu’on sache ce que ces femmes avaient risqué pour que des enfants, des étrangers, aient la vie sauve.

Germaine et Claudine figurent désormais sur la liste des Justes parmi les Nations. La médaille et le diplôme décernés par l’Institut Yad Vashem fut remis à leurs filles et petites-filles au cours de cette même cérémonie, dans la salle du conseil de la Maison communale, en présence d’enfants cachés et des familles d’autres Justes (dont Marthe Franchomme, autre Ixelloise qui dissimula également des gosses dans son immeuble)… Et le n°8, rue de l’Ordre, s’orne à présent d’une plaque qui commémore leur attitude courageuse durant l’occupation allemande.

C’est peu de chose face à leur bravoure. Elles n’ont rien demandé, rien revendiqué… Héroïnes de l’anonymat… Comme ça, tout simplement…

Le meilleur hommage que l’on puisse leur rendre, c’est de ne pas laisser mourir le souvenir. Mais de s’en inspirer pour surmonter nos angoisses, pour déjouer nos petites lâchetés, pour dépasser nos faiblesses, dans notre vie de tous les jours. Comme elles, essayer de pratiquer le courage au quotidien…

Willy DECOURTY

Bourgmestre

Extrait de Ixelles Info d’Avril 2011