Justice sociale

Mar 31, 2017 | Archives - Nos Valeurs

« Paix », « Egalité », et « Liberté » auront toujours autant de sens que d’individus pour les déterminer. Il n’en va pas de même pour les termes de Justice sociale, idéal cher aux socialistes et progressistes de tous bords. Bien que souffrant de quelques variances, les grands traits de son expression effective peuvent être esquissés de manière simple et permanente.

Il s’agit avant toute chose d’une ambition politique forte : la volonté de penser et construire la société sur le besoin impératif d’une solidarité collective entre les individus, établie sur des critères essentiels loin d’être atteints aujourd’hui. D’abord, une égalité des chances de réussite réelle et la garantie des libertés fondamentales sans discrimination, preuves d’équité et de justice entre tous les individus. L’organisation politique et juridique s’imposerait donc de tout mettre en œuvre pour les placer en situation identique. Mais la justice sociale se doit également d’être distributive, voire redistributive : on parlerait alors d’une solidarité de fait, réelle, et pas simplement d’une pétition de principe. Elle passerait par une participation à l’impôt équitablement partagée entre les travailleurs, les entreprises et l’Etat afin de définir ensemble, via un processus démocratique, un socle commun de projets qui devront bénéficier au bien-être du plus grand nombre. Pour finir, elle maintiendrait de très légères distinctions, celles qui corrigent les plus grandes inégalités en soutenant les plus démunis. C’est sur ces fondements que l’action politique doit à notre sens être bâtie.

Pourtant, le constat est amer : le monde ne semble pas aller dans cette direction.

En effet, à l’heure d’écrire ces quelques lignes, un nouvel épisode tragique se déroule à quelques kilomètres de chez nous avec la fermeture de Caterpillar. L’indignation provoquée par tant de cynisme de la part d’une multinationale aux bénéfices considérables, profitant d’avantages fiscaux en Belgique, soulève la question du modèle économique choisi. Car aujourd’hui, ces monstres de l’économie choisissent les implantations de leurs filiales en faisant leur marché dans les catalogues nationaux de lois existantes, agrémentées de privilèges négociés au cas par cas. Bien sûr, à la dernière minute, les gouvernants actuels tenteront de trouver une solution temporaire qui permettra au mieux d’éviter quelques drames humains : mesures bricolées ou autres pansements éphémères. Mais ne nous voilons pas la face, tant que nous n’arriverons pas imposer une harmonisation de la fiscalité et des conditions de travail en Europe pour contrebalancer 30 ans de politiques fiscales fondées sur la concurrence entre les pays, cela recommencera. Ici ou ailleurs. Car, dans ces conditions, une catastrophe sociale évitée en Belgique en est souvent une de plus en France, en Espagne ou en Grèce.

Pourtant, il est possible d’agir au travers d’une méthode infaillible, seul moyen d’action dont nous disposons : la Démocratie. Parlementaire ou participative, locale ou internationale, elle se nourrit de l’apprentissage et de la réflexion, de la prise de parole et de l’engagement, de l’indignation réfléchie et de l’action, mais principalement du refus d’accepter les relations de domination fixées par avance et de toute éternité.

« Il nous faut votre adhésion réfléchie, totale. Aussi me suis-je appliqué à vous montrer, non pas les arguments actuels du socialisme, mais ses raisons fondamentales, celles qui n’étaient pas moins vraies aujourd’hui qu’hier et qui resteront vraies demain, jusqu’à la transformation inévitable ». (Léon Blum)