Le billet d’humeur

Mar 31, 2017 | Archives - Nos Valeurs

Après l’annonce de l’exclusion d’une partie des demandeurs d’emploi des allocations de chômage, de la pension à 67 ans, du cadeau fiscal fait au secteur du diamant et d’un saut d’index (des salaires pas des loyers évidemment), nous l’attendions avec impatience, le Tax- Shift.

 A la vue de la majorité fédérale de droite actuelle, il n’y avait aucun doute sur le sens profond qu’allait prendre cette réforme : il y aura de nouvelles taxes supportées par la collectivité. Pour financer quoi ? Une réduction des charges patronales — nous préférons le mot cotisations, puisquelles servent par exemple à financer les pensions. Dixit le Gouvernement, cela ferait baisser le coût du travail — nous préférons le mot salaire. En contrepartie, les gains obtenus par les employeurs seraient affectés à l’embauche, faisant ainsi baisser automatiquement le nombre de demandeurs d’emplois. Avant d’examiner plus en détail les mesures qui ont été prises et leur impact négatif sur le portefeuille des Ixellois, nous allons déconstruire ce lien de causalité fallacieux fondé sur une confiance inébranlable envers l’Entreprise, unique responsable de la création d’emploi !

D’abord, l’idée qu’un gouvernement choisisse de placer sa confiance envers des acteurs privés pour l’assurance de notre bien-être collectif est risible et désolant. Risible car, et ce n’est plus à prouver, le privé recherche d’abord et avant tout un profit, un bénéfice. Désolant car cet acte stipule, en soi, d’abandonner les capacités d’action publique de l’Etat au profit d’un intérêt individuel. Ensuite, le lien de causalité entre la réduction des charges patronales et la création d’emploi est loin d’être démontré, d’autant plus si la réduction de charges est donnée, comme c’est le cas, sans aucune contrepartie ! C’est une vision basée uniquement sur l’offre. Or, pour qu’une entreprise puisse engager, il est surtout question de remplir les carnets de commande et d’augmenter sa clientèle : en deux mots, de maintenir une demande forte. Et sur cela, les entreprises n’ont aucune emprise car la solution ne dépend pas d’eux mais de la conjoncture économique soit, principalement, des capacités financières de leurs clients. On ne s’étonnera dès lors pas que les entreprises belges ont tout de suite indiqué qu’elles ne pourraient garantir d’affecter ces gains à la création d’emploi. Certes, elles sont heureuses de profiter de ce cadeau fiscal mais ils ne le convertiront en emploi qu’à condition que cela rapporte ! Enfin, une réduction des charges c’est une perte de salaire. Et oui, car les cotisations sociales constituent le salaire indirect des travailleurs. Elles permettent de payer les allocations de pensions, d’invalidités, de maladie, de chômage… On choisit donc encore de corser les difficultés au moment où le travailleur est le plus précarisé.

Pour clore notre propos, il est maintenant venu le temps de passer brièvement en revue ces nouvelles taxes et l’utilisation qui en sera faite.

Les taxes indirectes (à savoir les taxes sur les sodas, le diesel, le tabac, l’alcool et la TVA)  — taxes injustes par nature car chaque citoyen paye en fonction de sa consommation et non de son revenu — représentent plus de 50% de l’effort budgétaire. Parallèlement, les taxes sur la fraude fiscale et la spéculation pèsent 10 fois moins ! Pire, l’augmentation du pouvoir d’achat de 100€/mois promise pour les bas salaires n’est pas encore acquise (contrairement aux taxes ci-dessus). Enfin, le Gouvernement reconnaissait il y a peu que près de 100 millions d’euros manquaient toujours à son budget pour qu’il soit à l’équilibre.

Alors au-delà des discours entendus, s’il reste une chose sûre, c’est qu’en Belgique, il vaut toujours mieux être actionnaire que salarié !

Yannick Piquet

Yannick Piquet

Président de la Fédération bruxelloise des Jeunes Socialistes

Secrétaire du PS d’Ixelles